lundi 14 mai 2007

Ganzi (Garzé en tibétain)

En savoir plus sur ganzi

Ce matin, il y a tant de chose à découvrir sur le chemin qui nous mène de l’hôtel jusqu’au grand monastère que nous mettons 1:30 pour parcourir 1,5 Km. Quelle moyenne ! Ganzi est situé à 3600 m mais nous n’en souffrons pas, notre acclimatation a été parfaite. Pour cette ville de 10000 habitants, Ganzi est le nom chinois, les tibétains disent Garze (ou Kantze)

Le moulin à prières
Un splendide moulin à prières géant que les fidèles font tourner à toute vitesse, dans un concert de grincements et de murmures pieux. Ce grand cylindre, richement décoré est rempli par des kilomètres de ruban de papier imprimé, couvert de mantras. Les poignées dédiées à la rotation manuelle sont polies et noires de crasse, elles témoignent de la grande ferveur des fidèles qui actionnent cette roue à longueur d’année.

Fabrique artisanale d’un édredon de laine

Un peu plus loin c’est un artisan qui attire notre attention. Il travaille dans la rue et confectionne des « couettes ». Il a installé un cadre de bois planté de clous sur quatre tabourets et « tisse » une trame de coton à partir d’une bobine de coton qui n’est qu’un gant détricoté ! Il déroule ensuite une balle de laine blanche sur le filet de coton. Nous n’attendrons pas la fin de la réalisation mais nous sommes émerveillés par tant d’astuce et de savoir-faire.



Rencontre
Lors d’une pause photo devant une jolie maison, nous sommes invités à entrer par la propriétaire. La cour et le rez-de-chaussée sont dédiés à une petite activité agricole. Par un escalier de bois nous montons sur la terrasse et nous sommes installés dans le salon ou l’on nous sert de l’eau chaude puis des beignets à la pate torsadée et enfin nous dégustons un peu de tsam-pa. Pas facile, j’avais un peu perdu la main… je parviens quand même à rouler une belle boulette que je déguste complètement, indifférent aux rires de notre hôtesse devant ma maladresse.


Je lui offre une petite photo du Dalaï-lama. Elle est très émue, nous remercie vivement et nous entraine dans sa chambre ou trône une immense photo du DL ! Elle nous raconte que ses deux fils sont en ce moment en Inde à Dharamsala auprès du DL en exil. En nous raccompagnant, elle me fait comprendre qu’elle souhaiterait recevoir les photos que j’ai prises. Il apparait très vite qu’il est impossible de transcrire son adresse en caractères romains mais nous emportons quand même deux versions tibétaine et chinoise de cette adresse…


Le monastère

Nous passerons le reste de la journée dans ce grand monastère de la secte Gelugpa. C’est la secte la plus importante du Tibet (les bonnets jaunes), le Dalaï-lama appartient à cette secte.
Le monastère principal est à l’est du complexe monastique qui comprend trois ensembles d’édifices. La salle de prière est très vaste, très haute, soutenue par une cinquantaine d’immenses piliers de bois carrés, très finement décorés, très colorés. La salle est bondée : 150 moines sont rassemblés ici, accroupis sur des coussins, emmitouflés dans leurs manteaux pourpres, enchainant les prières sur un ton monocorde, lancinant. Les moines ne lisent pas les mantras ils connaissent leurs textes par cœur, un moine quelque part dans la salle entonne une nouvelle prière et l’assemblée fait chorus.



Le lama surveille la prière
Les masques
Un moine nous hèle de son balcon et nous montre des salles inédites : une série de salles sont décorées de milliers de statues de bouddha (en or ?). Puis il nous laisse dans une autre salle fermée à clé où nous pouvons à notre aise admirer un ensemble de masques de cérémonies. Il y en a une bonne centaine, de toutes tailles, plus effrayant les uns que les autres. Ces masques sont destinés au Cham, les grandes cérémonies dansées tibétaines.


Nous continuons notre promenade dans le monastère, nous croisons des moines qui nous sourient et nous invitent à avancer, à continuer, à franchir telle porte, à monter tel escalier. Si bien que nous nous retrouvons sur le toit du temple ou nous jouissons d’une vue exceptionnelle sur la ville de Ganzi et sur le village monastique qui nous entoure.
Les collectionneurs

Lors d’une visite des corridors, nous soulevons une tenture et entrons dans une sorte de véranda dont la cour est jonchée de pots de fleurs multicolores. Nous sommes accueillis par un moine jovial nommé Sonan Sangpo . Nous lisons son nom sur la carte qu’il nous présente ! Il nous introduit dans son domaine qu’il partage avec trois autres moines et nous expose … sa collection d’armes !! Nous pourrions sans doute en compter deux ou trois centaines ! Impressionnant. Comment ces moines ont-ils pu amasser une telle collection, au cœur du monastère.

Leur situation est bien étrange, ils semblent bénéficier d’un « quartier »particulier, fleuri, presque privé. Leur accueil est très chaleureux, nous visitons tout leur domaine, ils nous montrent, entre autre, leur chapelle où trônent plusieurs photos du Dalaï-lama. Grace à quelques mots d’anglais, ils nous expliquent et nous montrent que ces photos peuvent être très vite masquées par des portes en cas de visite de chinois.
Spontanément, ils nous demandent des photos du Dalaï-Lama et ne sont pas étonnés d’en recevoir.





La palabre
En redescendant nous sommes attirés par le vacarme de discussions à haute voix. Nous franchissons un porche pour atteindre un joli jardin en terrasse où sont éparpillés tous les moines, deux par deux, l’un assis l’autre debout lui faisant face en gesticulant. Nous sommes devant une séance de dialectique philosophique qui fait partie de la liturgie de cette secte. Le moine debout exprime un postulat, une hypothèse, que sais-je encore, il ponctue ses affirmations par un fort claquement des mains en avançant d’un pas sauté et en se penchant vers son partenaire. Celui-ci reprend un contre-argument ou une contre-vérité et on enchaine encore pendant des heures … Au fur et à mesure, mouvements s’amplifient, les esprits et les corps s’échauffent et les manteaux sont jetés au loin. Dans une fraternité chaleureuse, une sorte d’exaltation, de frénésie s’empare de certains couples. Des lamas surveillent et animent ces joutes oratoires, ils écoutent attentivement, ils interviennent, ou même rigolent franchement.



En tournant autour des groupes et en prenant des photos nous attirons l’attention de l’un d’eux. Est-il l’un des supérieurs de ce monastère ? en tout cas il est très beau, affiche une belle prestance, et nous parle en anglais. Il nous dit revenir de Dharamsala où il était dans l’entourage du Dalaï-Lama. Nous pensons que son séjour n’a pas été très long car son anglais est bien sommaire.




Nous avons passé une grande partie de la journée dans ce monastère en pleine activité, nous sommes entrés dans la plupart des lieux de cultes et des lieux de vie (y compris les cuisines) sans percevoir de signe hostile ou agacé des résidents. Au contraire, les encouragements à entrer, à poursuivre notre visite ont été flagrants.

Ganzi n’est pas une ville très touristique et les moines ne sont pas harcelés par des visites de groupes… Ils conservent une attitude bienveillante et souriante.



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