mardi 22 mai 2007

Katok

Aujourd'hui nous montons au monastère de Katok. Il est situé en pleine montagne à 4000 mètres d'altitude, isolé, inaccessible. J'avais lu quelques bribes sur l'Internet qui décrivaient ce coté bout du monde, l'ancienneté de sa construction et le calme serein qui y régnait. Quelques voyagistes avertis avaient intégrés cette destination dans leur circuit d'aventures…


Hier, nous avions sondé les prix auprès des nombreux taxis qui traînaient dans la grande rue : la tendance était autour de 300/400 Yuans (30/40 euros), pour rejoindre cette destination escarpée. Nous trouvons un véhicule en bon état, son chauffeur a une sale tête et ne sourit pas beaucoup… mais après une petite négociation, il nous propose 280 Yuans et nous partons avec lui pour 2 heures et demi de piste chaotique et poussiéreuse.






Dans la première heure, nous tombons sur une étrange entreprise installée entre la piste et la rivière : des cabanes de bois, un grand hangar fragile, cela respire le provisoire et l’improvisé. La production est bien visible : de très grandes statues liturgiques en cuivre repoussé. L’exécution est parfaite, du grand art ! Une escouade de chinois et de tibétains s’affairent autour de leurs établis et la musique saccadée du marteau frappant le cuivre nous étonne. Que font-ils de ces statues magnifiques, pourquoi ici dans ce coin perdu, loin de toute agglomération ? La réponse nous sera donnée lors de notre visite du monastère : un temple est en construction et les statues lui sont destinées.


Notre chauffeur tente un passage en force… et s’embourbe jusqu’aux essieux ! Les échanges sont limités, mais nous comprenons vite qu’il ne s’en sortira pas tout seul, et que l’aide ne peut venir que de nous car, au fond de cette vallée, nous sommes très isolés. Nous tirons sur les sangles de toutes nos forces jusqu’à la rupture de l’une d’elles, ce qui m’aurait envoyé valdinguer au loin sans les réflexes de Régine. En poussant c’est mieux, et sans trop nous salir, nous gagnons la partie.

Les paysages sont somptueux le long de la rivière et lors de la raide montée en lacet. Notre petit van enfile les 1000 m de dénivelé sans broncher, jusqu’au site du Katok-Gompa. Il est très bien situé, très haut et très isolé comme nous l’attendions, les images de Google Earth étaient fidèles et récentes.



Pourtant le chantier de construction du temple attire notre attention : ce temple détonne dans l’ensemble monastique, son architecture est très sinisée et la rotonde vitrée au tiers supérieur n’est pas bien authentique… on nous construit là un édifice fantoche destiné aux touristes… Nous remarquons également un chantier de construction sur la crête au dessus de Katok, un col ? une nouvelle route ? on se rappelle aussi les géomètres croisés ce matin le long de la rivière…Quel dommage !!


Dans l’enceinte du gompa, nous rencontrons le Rimpoché local : arrivé en 4x4, il est transporté à bras d’hommes vers un baldaquin de bambou. Je le prends en photo et lui serre la main, c’est un grand et beau vieillard de 80 ans, qui ne peut plus marcher. Son escorte le transporte jusqu’au plus haut du monastère, je les suis ! Mon cœur éclate, ça monte raide jusqu’à 4060m !

Quelques tachi delek avec le sourire m’autorisent à entrer dans la demeure du patriarche. Je grimpe jusqu’en haut sur la terrasse d’où je vois Régine bien en dessous qui approche. Un moine va la chercher.

Nous entrons alors dans le saint des saints de Katok, la chapelle du Rimpoché où des moines bienveillants nous présentent les objets de culte les plus précieux : conques, hautbois… Je laisse discrètement une photo du DL sur le pupitre du Rimpoché.
En sortant nous conversons un moment avec un moine d’une quarantaine d’années à la carrure imposante. Il ressemble à l’un de nos amis… Il nous propose d’aller manger chez lui et nous offre de minuscules pilules de couleur qu’il absorbe devant nous pour nous rassurer.

Nous redescendons à la voiture, le chauffeur quitte le monastère et au premier virage, il stoppe et coupe le moteur ! Aie !! Je devine la suite : « La somme convenue, c’était pour monter, si vous voulez redescendre, il faut doubler le prix … » Il faut du sang-froid et du culot pour se sortir d’une telle situation, nous rassemblons nos affaires et faisons mine de quitter le véhicule. Je crie très fort (en français) … Aucun argent n’a été versé et il comprend vite que nous ne nous laisserons pas intimider, et que s’il veut ses 280 Yuans il a intérêt à nous redescendre. Ce qu’il fait d’ailleurs sans en rajouter. En bas, à Baiyu nous lui verserons 300 yuans.

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